CHARGE MENTALE
ARC-EN-CIEL
Processus en cours
Samedi 08 octobre 2022 :
Bon, hier soir, dans le creux de mon lit, j’ai fait un super texte trop inspiré pour vous présenter mon projet en cours de « Charge mentale arc-en-ciel ». Sauf que l’appli a planté et que tout s’est effacé. Je suis grave dégoûtée. Ça m’apprendra à écrire sur Insta direct au lieu de faire un brouillon sur mon ordi comme d’habitude.
Du coup, là j’essaie de me rappeler des phrases exactes, mais je n’y arrive pas, c’est dispersé et ça perd tout son flow.
Donc je vais recommencer depuis le début, tant pis si ça perd de sa poésie !
Ce projet a commencé pendant le premier confinement. J’ai littéralement pété un plomb, ma charge mentale a éclaté.
Comme d’habitude, de cette crise est né un besoin impérieux de créer pour transformer ma réalité. D’abord montrer, donner à voir littéralement le contenu de ma charge mentale, pour l’évacuer. La mettre en mots pour l’extraire de mes pensées, pour m’en déposséder. Dans la continuité de mon premier projet de #reportagedomestique (que je n’ai pas encore rendu public, attention spoiler !), je note et je liste frénétiquement toutes les tâches qui encombrent mon esprit. Je me détache de ce qui n’appartient pas qu’à moi et je le rends à la maisonnée.
En vous partageant ces projets, je vais un pas plus loin, et je restitue à la communauté, à la société, ce qu’elle a créé.
Attention, la charge mentale arc-en-ciel, ce n’est pas juste un répertoire, une to-do-list de plus, c’est vivant, ça évolue avec le temps. Tous les jours un trait de couleur à chaque tâche exécutée. Chaque jour à une couleur définie, en suivant l’ordre de l’arc-en-ciel. « Rouge, orange, jaune, vert et bleu, et violet c’est harmonieux, c’est ce qui rend l’arc-en-ciel radieux ! » Merci Minnie pour la chanson, sans toi, je ne me rappellerais jamais du bon ordre.
Ces couleurs, en effet, c’est ce qui transforme mon projet. C’est ce qui allège la redondance des tâches. C’est ce qui me reconnecte aux plaisirs de l’enfance, de simplement apprécier la vibration particulière de cet assemblage de couleurs. C’est ce qui me donne envie d’ajouter des petites barres chaque jour, en me concentrant sur la joie de cette action, et pas sur le poids de son origine. La charge est devenue couleurs, le mental des barrettes.
Mes listes, je les ai d’abord accrochées au frigo, lieu central de la maisonnée, pour ne pas oublier, puis le projet c’est agrandi, et a déménager sur mes fenêtres. Rendre visible le travail invisible. Montrer au dehors ce qu’il se passe en dedans. Remettre les choses à leur place. Oui c’est bien ça qui m’empêche de me pencher sur le monde extérieur, mais oui, j’ai aussi le pouvoir de m’en libérer en transformant mon regard. Depuis quelques jours, les listes sont accrochées sur mon beau mur blanc. Monter sur ma table et dérouler les feuilles tous les soirs était devenu une charge de plus, et ce n’était pas le but. Donc on s’adapte. Mais elles finiront par retourner aux fenêtres, sous une autre forme. Suspense.
Enfin, la dernière chose que je voudrais préciser sur ce projet, c’est la question de la répartition des tâches. Impossible de traiter de charge mentale sans en parler.
Il n’est pas question d’utiliser ce projet comme une arme de revendication d’inégalités des charges dans le foyer, entre occupant.es du foyer. On passe déjà bien assez de temps à le faire au quotidien et ça ne mène pas à grand-chose.
C'est évidement, une vitrine d'une question de société, un objet engagé dans la lutte des travailleuses invisibles.
Mais, ce projet, je l’ai surtout créé comme un outil de changement de regard positif sur le quotidien. Bien que l’aspect compétitif qu’il peut générer est bienvenu, l’idée est surtout, dans un premier temps, d’observer la répartition, et de réfléchir ensemble à comment s’adapter pour un meilleur équilibre. C’est un moteur au déclenchement d’une discussion ouverte. Et il est tout à fait souhaitable que le modèle lui-même soi remit en question. Et si c’était lui, ou quelqu’un d’autre qui écrivait la liste en dessous des barrettes, qui aurait le plus de contenu ?
Mes listes ne sont pas nominatives, même si chacun sait laquelle est la sienne, une fois retirées et mises ailleurs, elles sont dégenrées, et décontextualisées, elles ne sont plus que des lignes, des couleurs, une composition abstraite de la vie. Ce projet est un appel engagé à la créativité et à la relativité.
Charge mentale arc-en-ciel, une métamorphose du quotidien