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  • Photo du rédacteurMOTHER MOÏRA

BILAN DE RÉSIDENCE #3

Vendredi 14 avril 2023



Me revoilà.


La dernière fois que j’ai fait le bilan ici, c’était le dimanche 25 septembre 2022.

Quand je me relis, je me dis que c’est dingue quand même, je venais à peine de commencer mon contrat 2/3 temps et je savais déjà que ça ne tiendrait pas la route.

Ce n’était que le début.


J’ai relu mon manifeste, mes attentes étaient bien trop élevées pour réussir.

Je n’ai pas atteint la plupart de mes objectifs à court terme, n’ai pas suivi mon planning, ai sauté des étapes, …

Mais je ne dirais pas que c’est un échec, puis, il me reste encore un peu moins d’un an avant la date finale initiale.


J’ai quitté mon travail. Je n’ai pas demandé la prolongation de mon contrat.

La femme raisonnée que je suis a eu beaucoup de mal à prendre cette décision, la perte économique est non négligeable. Mais mon moi profond savait déjà le 25 septembre que ce serait la seule issue, que mon bien-être en dépendait.

J’ai sauté dans le vide. Quel bonheur !

Enfin, dans le vide, j’exagère, j’ai un super coéquipier qui nous maintient en sécurité, parfois d’un fil au-dessus du précipice, mais tout de même, merci à lui.

Et merci à la vie, en laquelle j’ai une confiance totale.


Cela fait 14 jours que je suis libre de charge professionnelle, et que je respire à nouveau.

Ces derniers mois m’auront permis de comprendre ceci, ce n’est pas la parentalité mon frein, c’est le travail, celui qui paye, qu’on ne choisit pas par passion, mais par dépit, par contrainte, parce que l’art ne paye pas, ou pas encore.

D’ailleurs, ai-je vraiment envie qu’il paye ? C’est une autre question pour une autre fois.


Je pourrais céder à la tentation de dire que cette première partie de résidence est un gros fail, que je n’ai rien fait, mais ce serait une vision très réductrice de la réalité en fait.


Tout en travaillant, j’ai d’abord lutté pour ne pas m’y perdre.

J’ai tâché de prendre soin de moi, à divers niveaux, en allant voir différentes thérapeutes. J’ai soigné mon corps, éreinté, tendus, rigides d’avoir été en alerte depuis toujours, et j’ai soigné mon esprit, quand il a commencé à m’échapper et que je ne me reconnaissais plus. Et je continue de consacrer un minimum de temps à mon bien-être physique et psychique, sans quoi rien ne tiendra la route.


Je n’ai que peu écrit de journal intime, et recopié que quelques pages des journaux de ma grand-mère. J’ai à peine commencé à trier mes documents et photos, certes.


Mais j’ai investi dès que je le pouvais dans mon art : j’ai consacré la paye du projet Libertad de l’été dernier, à la professionnalisation de mon site internet pour deux ans ! Vous pouvez maintenant y accéder directement à la belle adresse http://www.moiradeepijan.com et ça, c’est bête, mais ça fait du bien !


Je mets à jour dès que je le peux mon compte Instagram, c’est sûrement le réseau sur lequel les infos sont les plus à jours.


Puis, en fait, j’ai surtout sauté les étapes de préparation et de tri pour passer direct à la prospection et à la création : j’ai candidaté à deux appels à projets – in extremis comme toujours, avec un enfant qui a vomi dans son lit au moment de l’envoi le jour de la deadline – et j’ai remporté ses deux appels à projets : l’exposition Borders/Frontières, à l’initiative de l’artiste Barbara Wolfs, actuellement au Centre culturel de Chênée.

Elle m’a permis de me mettre un objectif de temps et de production concret, pour réaliser coûte que coûte la mise en forme de projets que je laissais dans mes tiroirs depuis trop longtemps. La pression m’a fait beaucoup de bien pour le coup, et l’accompagnement de Barbara aussi. Cette expo me donne l’occasion de montrer une part de mon travail plus abstraite, minimaliste, épuré, tout en restant cohérente dans l’intention et les matériaux utilisé avec mon projet artistique, et même tout à fait en lien avec la résidence en fait, car j’y utilise littéralement, les « matières » de mon foyer.

Puis ce qui n’est pas à négliger, c’est la création de liens, la rencontre entre pairs, sortir de mes quatre murs de temps en temps et m’ouvrir au monde, aux autres. Ce vernissage était particulier, car la venue de certaines amitiés récentes m’a vraiment fait chaud au cœur, et les différents retours des spectateureuses sur mes œuvres fut très riche. Ça me rappelle que sans les autres, sans la confrontation avec des regardeureuses, mon travail n’a pas autant de sens, il n’existe pas complètement. Et j’ai besoin de recevoir la critique des autres pour évoluer sur certains plans.


Le deuxième appel à projet reçu favorablement est celui de la Biennale of Women in Art, qui aura lieu en octobre 2023 à Bruxelles.

Cela fait un long moment que je suis l’évolution de ce projet, et c’est donc avec beaucoup d’espoirs que j’ai candidaté. J’étais convaincue que ma place était là, et j’avais raison ! L’annonce n’a été faite que ce début avril, j’en saurais plus bientôt, mais déjà, je trépigne d’impatience. Cette candidature m’a permis de mettre à jour mes intentions artistiques, avec l’aide d’une nouvelle rencontre, encore, pour la relecture de mon dossier, et son précieux avis.


Aide renouvelée d’ailleurs pour un autre appel à candidature, tellement conséquent et pourtant, j’allais presque l’oublier ! Grâce aux talents de traductrice de cette amie, j’ai la chance d’avoir été admise à la « Procreate Project Archive » de Londres ! Je n’ai pas eu l’opportunité de me rendre sur place - mais OMG – j’ai ma tête sur le mur extérieur d’une galerie Londonienne (Ovada), à Oxford svp ! T’as vu ça maman ?! Je me sens carrément bénie.

Cette opportunité est considérable pour moi pour plusieurs raisons : Le Procreate Project est l’un des projets britanniques principaux que j’ai étudié lors de mon mémoire de fin d’études sur l’art et la maternité. Il est pionnier dans le domaine de l’accès, l’accompagnement et la création d’opportunité pour les artistes-mères et en lien avec tous les autres projets liés à l’art maternel et les artistes-mères. Ielles sont notamment les fondateurices de la première « Mother House », une résidence pour artistes-mères avec espace et dispositif de puériculture inclus, où tout est pensé pour la diade mère-enfant et l’effervescence artistiques, ielles ont également créer le premier prix à destination des mères-artistes, le « Mother Art Prize », et sont donc à l’origine de la « Procreate Project Archive », un projet d’archivage et mise à disposition dans l’espace public des créations de mères/parents artistes, « Cet espace a été pensé pour que les femmes réoccupent les espaces publics, et en réponse à l'isolement et à l'invisibilité du travail de soins non rémunéré. » Il participe également à recréer une nouvelle histoire de l’art dans laquelle nous sommes visibles. Je me sens maintenant admise au cœur de cette nouvelle histoire.

Et de façon plus intime, être exposée, et qui plus est un autoportrait – en grand – dans une rue de Londres, cela m’émeut beaucoup, car ça va toucher l’histoire de ma mère, qui voyageait beaucoup à Londres pour ses passions et son travail, bien avant ma naissance. C’est le seul endroit où elle m’a emmenée à deux reprises, pour me transmettre sa passion pour cette ville et ses foyers artistiques. C’est comme une consécration que je lui dédie : regarde maman, un bout de moi appartient maintenant à Londres, ta ville chérie, et tu y es avec moi.


Puis, c’est aussi là-bas, en voyage rhéto, que j’ai eu mon premier coup de foudre pour l’art moderne et l’art contemporain surtout. La Tate Modern, et cette galerie où dans l’entrée, un énorme « MOTHER » tournait à toute allure sur un axe au-dessus de nous, où un piano jouait seul, où un carreau supplémentaire en relief aux toilettes était une œuvre, ainsi qu’un simple morceau de pâte bleu sur le mur « stack », je ne me rappelle jamais du nom de l’artiste ni de la galerie, mais du plaisir que j’y ai ressentis, de mon amusement, ma fascination, toujours. Merci Londres !


C’est fou, en écrivant, je me rends compte que ce bilan est bien plus rempli que ce que je ne pensais.

J’ai également réexposé à la Châtaigneraie début 2023 à l’occasion de l’exposition rétrospective du Centre d’art contemporain. J’y ai exposé une nouvelle version de mon installation « Charge mentale d’artiste-mère ». Une minie expo, mais un vrai plaisir de retourner là où ma MArTRESCENCE fut accueillie pour la première fois hors les murs de l’académie. Je n’ai cependant pas pu assister au vernissage et récolter beaucoup de retours, puisqu’il y avait le spectacle d’école de la classe de mon fils le même soir, évidemment. Artiste-mère jusqu’au bout !


J’ai également entamé un projet de correspondance entre artistes-mères avec une collègue, un projet sur le moyen-long terme très cher à mon cœur, dont les échanges me font beaucoup de bien, et dont je me réjouis de voir la progression.


Ce début de résidence n’est pas si peu concluant malgré tout.

J’ai remis le pied à l’étrier et planté les graines pour la suite.

Après une bonne remise à niveau de mon cocon familiale – filmé pour mes reportages domestiques bien sûr – je vais m’atteler à préparer la Biennale, et remettre de l’ordre dans mes archives quand même, car c’est vraiment nécessaire pour la suite, je pense. Un bout après l’autre.

Économiquement, je vais attendre de voir comment les choses évoluent, mais j’ai toujours l’intention de postuler dans l’enseignement, enfin ! Je suis en train d’apprendre à conduire aussi, d’ici mai, je devrais être capable de conduire notre nouvelle voiture (qui me fait vaciller entre éco-anxiété et enthousiasme).


Et puis, à la base de tout ça, ne pas oublier la vie.

La vie faites des personnes qui me sont proches, prendre le temps de se reconnecter à eux, de leurs accorder des moments de qualité.

La vie qui pousse aussi chez les copines (dont mon nouveau filleul !), les accompagner, les célébrer.

D’ailleurs, je dois aller chez l’une d’entre-elle là !


Merci pour votre lecture, et à bientôt, pour un nouveau journal de bord de résidence, bien plus assidu cette fois, j’espère 😉





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