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  • Photo du rédacteurMOTHER MOÏRA

Prendre le temps


Le matin, je me réveille en pensant à toutes les choses que je dois encore faire ou clôturer aujourd’hui ou dans le mois qui vient :

“Ai-je terminé de préparer ce projet ?”, “Et si je faisais une vidéo pour telle idée ? Oui, mais il me faut un nouveau chargeur pour ma caméra, et ai-je bien renouvelé mon abonnement à Creative cloud ce mois-ci ?”, “Est-ce que le fournisseur du moteur du lave-linge m’a répondu à mon mail d’hier ? Quand le moteur arrivera, je pourrais enfin réparer la machine, mais ça va me prendre toute l’après-midi...”, “Et, je ne dois pas oublier de réparer le costume de dinosaure d’Iggy-Zion pour Halloween.”


Une pensée en faveur de mon fils.


Mais est-ce vraiment pour mon fils ? Oui, ce costume est pour lui, pour qu’il passe un bon moment à cette fête à laquelle il est invité pour Halloween, fête dont je ne peux rien lui dire avant la veille pour pallier à son agaçante impatience, mais je vais sûrement faire cette réparation seule, en lui criant dessus au moins trois fois pour qu’il ne touche à rien pour ne pas me faire perdre mon temps.


Me faire perdre mon temps.

Cette pensée incessante, sensation désagréable qui prend toute la place de mon esprit, comme un mantra.


“Je n’ai pas le temps.”


Submergée par toutes ces choses de “la plus haute importance” que je dois faire, je suis spectatrice de cet enfant qui est le mien, tournoyant autour de moi toute la journée, tel un satellite, lui offrant comme principale marque de présence quelques caresses dans les cheveux et bisous volés entre mes habituelles incitations à l’ordre de la maison et à plus de calme.


La journée débute à peine que sa fin est déjà souhaitée, ce moment où le calme revient, où quand le souffle de mon fils s’apaise en sombrant dans le sommeil, je me sens enfin déchargée de ma responsabilité de mère.


Si seulement.


La vérité, c’est qu’à la seconde où il ferme ses yeux, sa petite main dans la mienne, je le regarde tendrement et me dit : “Mais qu’ai-je fait de ma journée ? Qu’a-t-il fait de la sienne ? Comment puis-je passer mon temps à attendre qu’il dorme, sans profiter plus de 5 minutes de sa présence, de sa vitalité, de son existence dans mon monde ?”, tout en me sentant pourtant soulagée du silence qui me permet de m’arrêter un peu sur ce flux de pensées culpabilisantes.

Chaque soir, je fais défiler les images de ma journée, et je ne peux y déceler que 5 à 10 minutes de moment de qualité avec mon fils. Une histoire racontée, une partie de “Qui est-ce", un dessin colorié ensemble, quelques Playmobil rhabillés, un moment câlin avant de se coucher, …


Heureusement, il a un papa de qualité.

Le reste du temps, je travaille, je fais le repas, je fais du ménage, je répare quelque chose, je zone sur internet, j’envoie des mails, je scrute les appels à projet, je fais des courses, je donnes des ordres à tout le monde, je m’inquiète, je réfléchis, je fais des listes, je note, je remplis le calendrier, je projette des sorties, j’envoie des messages, j’écris, j’anticipe, je prévois de passer du temps avec mon fils, je dis “j’arrive” ou “attends deux minutes, je finis ça”, je procrastine de passer du temps avec lui, parce que j’ai des choses à faire qui n’attendent pas, qui ne pourront pas être faites plus tard, pour lesquelles j’ai des échéances auxquelles je dois répondre.

Certes, toutes ces choses que je fais sont importantes pour la vie de tous les jours et contribuent aussi au bien-être de mon fils et ma famille, et je ne me sens pas coupable de faire ces choses, mais bien du déséquilibre qui existe entre elles et les moments que je consacre pleinement à mon fils.


Serais-je un jour capable de considérer les activités avec mon fils comme des choses qui n’attendent pas ? Qui ne peuvent pas être remises à plus tard ? Au final, ce sont aussi des moments qui ont des échéances.


C’est une vieille rengaine, mais mon fils n’aura pas toujours 4 ans ou 5 ans, … Il ne jouera pas toujours avec son circuit de bois, il ne me partagera plus sa vision claire et perspicace sur son environnement propre à cet âge, à cette période de sa vie. Il n’aura plus besoin de moi dans 3 ans, comme il a besoin de moi aujourd’hui. Un jour, ses petites mains ne tiendront plus dans les miennes. Dans quelque temps, il ne demandera plus pour être conduit à la plaine de jeux faire du toboggan, il ira grâce à ses grandes jambes rejoindre ses copains seul, sur les bancs de l'autre côté du grillage de l’aire de jeux, caché derrière les buissons pour boire et fumer ses substances qu’on a nous-même arrêter en devenant ses parents.


Alors, le mois prochain, sur ma liste de choses à faire, je vais écrire en grand “Passer du temps de qualité avec Iggy-Zion", parce que même si je sais que je fais de mon mieux, je sais que je peux aussi m’améliorer, et que si je passe de 10 à 20 minutes de qualité par jour avec mon fils, c’est à dire sans penser en même temps à toutes ces autres choses de ma liste, on en sera tout deux bien plus épanouit et capables d’être efficaces à nos autres travaux de la vie quotidienne.

Puis surtout, j’arrêterais de m’endormir avec le sentiment désagréable de voir l’enfance de mon fils, si précieuse, me filer entre les doigts.






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